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dimanche, mai 28
Les empêcheurs de pisser dans les
petits coins
Moi,
vous m'connaissez, quand ils ont rendu gratuites les sanisettes,
je me suis dit bêtement que l'atmosphère allait
sentir meilleur, surtout dans les coins sombres. Car l'urine,
quand elle impreigne le bitume parisien, a une forte odeur...
C'est le mot.
Des toilettes
gratuites, chauffées, avec un petit filet d'eau pour se
débarbouiller un peu, on n'imagine même pas le bonheur
que cela doit représenter pour tous ceux qui passent leur
vie dans la rue... Evidemment, il y a des sites qui recensent
les cafés dont la porte des toilettes qui ferme au verrou
met le lavabo à l'intérieur de votre espace privé...
Mais pour ça il faut avoir internet... et du temps...
et l'envie...
Tiens, en parlant
d'envie, avant hier je me baladais peinard à Venise, c'est
très agréable de se balader peinard à Venise...
Vous en doutiez?
Bref, j'y
tombai de nouveau sur une de ces pierres plates, polies, légèrement
courbées, creuses au dessous, qu'on rencontre parfois
encore au détour des sotoportego (i?), ces petits passages
couverts qui font la joie des vénitiens et le désespoir
des touristes imprudents qui croient qu'on peut s'y retrouver
avec une carte au rabais dans cette ville magique.
Je me demandais bien une fois de plus quelle pouvait
être l'utilité de ces pierres là, quand un
vieux bonhomme s'arrêta et m'expliqua vivement d'une voix
rocailleuse et avec quelques gestes explicites qu'il sagissait
ni plus ni moins des premiers empêcheurs connus de pisser
dans les coins.
Les vénitiens
du 15ème siècle avaient donc les mêmes problèmes
que les métropoles du 21ème siècle? Ben
oui et comme on ne peut pas poster un homme d'arme à tous
les coins de rio, ils ont inventé cette petite merveille,
esthétique et imparable. Vous pissez dessus et tout vous
revient sur les chaussures... Une autre forme de l'arroseur arrosé,
en quelque sorte.
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Les lezarts de la Bièvre : Jef
Aérosol adoucit les murs!
Ca commence toujours un
peu comme une histoire d'amour. Un peu de hasard, une alchimie
étrange, un peu de salive et hop, on se retrouve ficelé
! c'est comme ça, les coups de foudre. Et j'ai eu le coup
de foudre pour la Bièvre, ses artistes et ses lézarts
de rue.
Moi, vous m'connaissez,
j'adore les peintres, les sculpteurs, les photographes, les relieurs,
les graphistes, les musicos, et tous les autres, intermittents
ou pas.
Ce que j'aime aussi,
ce sont les trottoirs de Paris, ses murs, ses rues, ses refends,
ses palissades, ses quartiers ancrés dans le passé
de la cité.
Alors
quand en 2001, Miss Tic a inauguré ce jeu de piste
magique en pochant les murs du quartier de la mouffe, mon plaisir
a été total. Les silhouettes sensuelles de la Miss
et ses petits aphorismes anodins et terribles accompagnaient
à merveille le parcours entre les ateliers de tous ces
artistes aux portes et aux c?urs ouverts.
En
2002, Jérôme Mesnager a pris le relais,
peignant si vite son bonhomme blanc que j'arrivais toujours trop
tôt - il n'était pas encore passé - ou trop
tard : la peinture séchait déjà. Je m'émerveillais
à suivre les courses sans fin de cet athlétique
personnage toujours à la poursuite d'oiseaux et de rêves.
En
2003, le grand Némo imposa un autre rythme, plus
lent, avec des compositions majestueuses, ouvertes sur des mondes
parallèles, peuplées d'hommes en imperméables,
de valises jamais défaites, de ballons rouges, de hamacs
improbables, de chariots à voiles parsemées de
papillons et de poissons qui tournent sans relâche dans
le bleu des panneaux de signalisation.
En
2004, "Mosko et associés" reprenaient
le flambeau. Grands peupleurs de savanes, amoureux
des tigres, papillons, hippopotames, éléphants
débonnaires et girafes placides, les Moskos défoncent
depuis 1989 les murs gris de notre quotidien à grands
coups de fenêtres ouvertes sur des mondes colorés,
peuplés d'animaux paisibles et sillonnés de trains
omnibus pour Mombasa.
En
2005, c'était Speedy Graphito qui s'installait au pupitre
et donnait sa mesure. A Speedy, aucun centimètre
carré de mur n'échappera, dût-il y passer
ses nuits et ses jours et vider tous les pots de peinture de
la capitale. Totems, buildings, salamandres, calendriers solaires
et serpents magiques sont son univers. Avec
lui, c'est bien le diable si la Bièvre ne sort pas de
son lit!
 2006
- L'aventure continue avec Jef Aérosol, figure bien connue
des amoureux de l'art urbain puisqu'il habille les murs de nos
rêveries depuis 1982... un fameux bail, n'est-ce pas? Et
pour cette édition des lézarts, ses pochoirs célèbreront,
pour "adoucir les murs", musique et musiciens, de Nick
Drake à l'accordéoniste quêteur. Il était
acquis que parfois les murs murmurent; voici qu'avec Jef Aérosol,
ils chantent. Magique, non?
Le site officiel des Lézarts de la Bièvre
c'est
ici et celui de jef Aérosol, c'est là!
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