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dimanche, avril 10 Je d�ne � Meaux
Moi, vous m'connaissez, j'aime les querelles litt�raires et religieuses, mais tout de m�me...
L'autre soir, je rendais visite � F�nelon, ce vieux satrape sirupeux mais au commerce si agr�able et nous devisions de choses �th�r�es en compagnie du capitaine cap, une d�licieuse verveine fumante � la main.
C'est alors que le saint homme nous apostropha: "savez vous ce que Bossuet a os� pr�tendre l'autre jour, en chaire"
Habititu� � ces sorties, je hochais la t�te de droite � gauche et inversement pendant quelques secondes, r�sign�, me demandant plut�t comment j'allais m'y prendre pour sucrer mon breuvage et tourner ma cuiller dans la tasse, sans l�cher les d�licieux sabl�s que j'avais p�cipitamment mis de c�t� et bien m'en avait pris: l'assiette sur la table basse �tait vide.
"Et bien, rench�rit f�nelon, ce vieil imb�cile a os� pr�tendre que les fables que j'ai eu la modeste pr�tention d'�crire pour le duc de bourgogne ne valaient pas tripette."
Mon exercice d'�quilibriste faillit tourner au drame quand l'un des sabl�s que j'avais r�ussi � sauver du d�sastre tomba sur le tapis, heureusement sans se briser. On ne dira jamais assez combien un tapis moelleux est utile pour les sabl�s qui tombent.
La discussion s'�ternisa ainsi pendant encore une grande demi heure et f�nelon finit par nous convier � finir la soir�e chez lui, autour de quelques parties de cartes bien innocentes et en compagnie de deux ou trois marquises dont l'innocence �tait � mon avis une autre affaire...
C'est alors que le capitaine cap, dont je savais par ailleurs les attaches avec Bossuet, se leva et, r�clamant son manteau, nous laissa avec cette sentence destin�e sans doute � excuser sa brusquerie :
"d�sol�, mais ce soir je d�ne � meaux, ma�tres!"
Je m'interroge encore...

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