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mercredi 29 avril 2009 L'hôpital de la photographe Estelle Lagarde : House n'a qu'à bien se tenir (29 avril 2009)

Alors que le milieu hospitalier, du brancardier au grand patron, de l'aide soignante à la surveillante défilent dans les rues pour défendre l'hôpital dans lequel nous finirons tous, un jour, par séjourner et, souvent, un autre jour par y mourir, ce qui devrait nous faire un peu réfléchir à ce que nous voulons vraiment comme structure d'accueil ultime pour nos maux y compris nos maux ultimes, une formidable exposition nous présente un hôpital un peu fou, miroir de nos plus intimes peurs.
Heureusement, le sujet, grave à l'extrême, est traité par la photographe Estelle Lagarde avec un humour solide et un sens de la mise en scène étonnant.
Chaque photographie, en grand format, mérite de longs instants de découverte, car l'image d'apparence si simple, se défend finalement et ne livre ses secrets qu'après une contemplation, presque une méditation.
On touche ici à l'essentiel : la naissance, la mort, la maternité, la maladie qui sont toutes montrées ici dans un contexte décalé et onirique, souvent absurde : hôpital en ruine, salles d'attente délabrées, transports de malades par morceaux, chaque personnage assumant son rôle avec gravité. C'est qu'il s'agit ici de notre peau qu'on vient soigner voire sauver...
Allez voir cette expo, à la Little Big Galerie, 45 rue Lepic Paris 18ème. C'est jusqu'au 19 mai et c'est bien.
(détails dans l'Agenda)
Le site d'Estelle Lagarde
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samedi 25 avril 2009 La poésie des "perforateurs de béton" (25 avril 2009)
Cela m'avait frappé dès mes premiers pas dans les rues d'Hanoï. Les murs admirables de cette ville, jaunes comme j'aime, vieillis par des années de pluies et de soleil alterné, ceinturés de lianes et de fils sans qu'il soit possible de déméler ce qui relève du végétal ou de l'activité humaine, donnent aussi à voir des pochoirs mystérieux, sur deux lignes, une de texte et une de chiffres.
Entremélés, juxtaposés, à l'endroit, à l'envers, ces pochoirs semblent posés de toute éternité et d'ailleurs personne ne leur accorde la moindre attention.
En essayant de savoir ce qui se cachait derrière ces inscriptions énigmatiques, je posais quelques questions naïves qui me valurent des réponses évasives, et je ne l'avais pas volé.
Qu'est-ce que cet étranger immense et maladroit essayait de savoir sur les murs d'Hanoï?
Tout au plus m'apprit-on que c'était interdit. Peu-être pas de questionner, mais de salir les murs. Mais c'était murmuré avec un sourire qui me faisait douter de la réponse et ne faisait que renforcer ma curiosité.
Vous connaissez mon aisance avec les langues (!) et le vietnamien en particulier, cette langue syllabaire qui n'agglutine pas comme le thaï pour fabriquer des mots longs de cinquante centimètres, mais découpe au contraire, tronçonne et n'abborrhe rien plus que les mots de plus d'une syllabe, transforme photocopie en "phot to cop py", toilettes en "toa let", ou chocolat en "so co la".
Et comme un savant un peu fou, ou génial, c'est égal, et français, ce qui ne gache rien, Alexandre de Rhodes, surpris par cette langue ressemblant au "gazouillis des oiseaux", a réussi à leur imposer une écriture latine, comme la nôtre, seulement truffée d'accents, on a l'impression de s'y retrouver. Erreur, car le gazoullis des oiseaux vous l'aura laissé deviner : cette langue se chante et les accents servent à dire si on monte ou descend... Lire ici la facilité de la chose.

Mais revenons à nos pochoirs qui sont en fait des petites annonces posées là nuitamment, comme écrivaient les gendarmes dans leurs rapports, par des hommes de peine, souvent des paysans fraîchement débarqués de leur campagne, mais qui n'est pas paysan au Vietnam? venus à la ville pour s'employer et qui ne trouvent pas de meilleur moyen pour se faire connaître du plus grand nombre que d'afficher leur numéro de téléphone portable sur tous les murs.
Ce fameux "Khoan Cat Be Tong" qu'on trouve décline en "k b c tong" ou "kh b ca tong", pour changer et faire plus court et différent, signifie littéralement " celui qui coupe et perce le béton ". Poétique non?
D'où quelques interprétations erronées relevées ici ou là sur le web et qui attribuent ces annonces à quelques fabriques de cloisons préfabriquées, ou à des vendeurs de matériaux de construction.
Certains ont essayé de téléphoner aux numéros inscrits sur les annonces : ils ont alors entendu la même propagande que celle diffusée dans la ville le matin et reprise le soir par les hauts parleurs disséminés partout pour l'édification des masses. Car le Vietnam reste un pays communiste et dont une des fonctions reste l'éducation du peuple, ayant oublié que c'est le peuple qui possède certainement a vraie connaissance, la seule qui vaille, celle de la vie quotidienne.
C'est que la police, pas plus bête que d'autres, avec le numéro de téléphone du contrevenant, a confisqué la ligne au paysan perforateur de béton et branché un peu de bons conseils civiques aux employeurs clandestins qui auraient aimé embaucher à bas prix le malheureux paysan qui rêvait déjà de tout percer et de faire fortune.
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vendredi 17 avril 2009 Après la pipe de Jacques tati, la censure frappe encore!! (17 avril 2009)
la France fait école et ce n'est que justice.
Le célèbre tableau de Magritte serait sous le coup d'une interdiction et les responsables du musée de Los Angeles peuvent enfin respirer : ils ont trouvé in extremis comment mettre en accord ce fameux tableau, les interrogations de beaucoup de visiteurs qui ne comprenaient pas bien cette affirmation que ce n'était pas une pipe alors que manifestement, hein, même en y regardant de près, c'en est une, il ne faut pas nous la faire, et l'interdiction menaçante qui a valu à Lucky Luke de devoir machonner des herbes pleines de pesticides en lieu et place de sa bonne vieille cigarette.
Grace à l'initiative de la régie publicitaire de la Ratp qui a remplacé, pour l'expositon sur Tati, la célèbre pipe par un petit jouet en forme de moulin à vent ridicule, la solution s'est imposée d'elle-même.

Quant à Miss Tic, elle n'a rien à craindre, aucune loi n'interdit cette pratique entre adultes consentants... On est rassurés.

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mercredi 8 avril 2009 La destinée des blagues sur le web : " un maire décide de faire repeindre sa façade..." (8 avril 09)
Les blagues sur le web connaissent une carrière fulgurante et agitée, avec des périodes d'accalmie et de rémission, suivies par des accès de fièvre dictés par l'actualité.
Prenons cette petite blague, maintenant bien connue du maire qui veut faire repeindre sa façade .
Pour ceux qui ne la connaîtraient pas encore la voici :
Un maire décide de faire repeindre la façade de la mairie. Il lance un appel d'offres. On lui présente 3 devis : un anglais, un allemand et un français. Le devis de l'Anglais s'élève à 3 millions d'euros, celui de l'Allemand à 6 millions, et celui du Français à 9 millions. Devant de telles différences, il convoque les trois entrepreneurs séparément, pour qu'ils détaillent leurs estimations ! - L'Anglais dit qu'il utilise de la peinture acrylique pour extérieurs en deux couches pour 1 million, pour les échafaudages, les brosses, équipements divers et assurances : 1 million, et le million restant c'est la main d'oeuvre. - L'Allemand justifie son devis en disant qu'il est meilleur peintre, qu'il utilise des peintures de polyuréthane en trois couches, dont le coût s'élève à 3 millions. Les échafaudages et autres matériels, équipements et assurances coûtent 2 millions, et le million restant c'est la main d'oeuvre. - Le dernier est celui qui gagne finalement l'appel d'offres, Le Maire estime qu'il présente le devis le mieux justifié. Le Français lui a présenté comme suit : Monsieur le Maire : 3 millions pour vous, 3 autres pour moi, et les 3 restants, nous les donnons à l'Anglais pour qu'il nous peigne la façade.
Avouez qu'elle est assez drôle.
Cela fait des mois qu'elle circule sur les boites mail, est reprise sur des blogs spécialisés et fait le bonheur des machines à café. Et des mois que chacun essaie de la récupérer. Il faut dire qu'elle est customisable en l'état (my god, quel vilain mot!)
On trouve ainsi une version " Un maire PS décide de faire repeindre la façade de la mairie " sur un blog de boursorama
. une version wallone " Un bourgmestre décide de faire repeindre la façade de la maison communale"
. et même une version algérienne avec des devis tunisien, marocain et algérien
A vous de jouer, les versions juives, corses et suisses semblent encore libres, ainsi que celles du maire de Levallois, de Neuilly ou de Paris. Et je m'étonne que personne n'ait encore pensé à celle du maire de Pont-Saint-Esprit...
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samedi 4 avril 2009 David Gouny, nouvelle série (4 avril 2009)

C'est pour moi un plaisir de suivre l'évolution d'un artiste, surtout quand cette évolution se fait dans la rue, et encore plus quand elle se fait par affichage, support ô combien éphémère.
Les petites photos qu'on prend deviennent rapidement les seuls témoins de ces instants d'art qui le deviendront peut être (des standards). La vitesse avec laquelle les amateurs se précipitent pour les décoller en est un signe.
Voici donc les derniers collages de David Gouny, moins léchés, plus ramassés, comme jetés sur l'affiche : couleurs blafardes, bourrelets "exvaginés", visages déformés, la vie de ces grosses dames de papier s'en va doucement vers un enfer morbide, un peu désespéré... et semble-t-il inéluctable.
A suivre.
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