
Novembre 2003
La Bastille, Le grand Marché
de l'Art... Une barraque de toile, quelques toiles..., le miroir
déjà.
Il faut s'approcher des dernières
toiles de Laurence Poitou... s'approcher suffisamment près
et plonger son regard dans celui de cet autre qui, inlassablement
répété, porte à son tour sur le monde,
sur vous, sur lui-même, un regard grave, incertain, détaché.
Jai eu un peu peur de ces
yeux-là, de ce visage à la fois familier et pourtant
différent, de cette diférence/indifférence
triste, quune accumulation juxtaposée rend encore
plus poignante.
Auto-portraits, graves et enfermés
dans la courbe de lignes implacablement closes, ils crient, alors
même que leurs lèvres restent closes. Parfois, des
traînées pourpres, rouillées, comme des traces
de sang, s'échappent de ces espaces incurvés, sans
que l'apparente placidité de ces visages en soit troublée
le moins du monde.
Oui, il faut s'approcher des
dernières toiles de Laurence Poitou et affronter ce qu'elles
nous disent, en silence. Et que nous disent-elles, ces toiles,
que nous disent-ils ces visages, que nous ne sachions déjà,
tout au fond de nous...