Escherichia coli vs les suicides en prison

A quoi ressemble donc la bactérie escheria coli? A ça.

Pas très ragoutant, hein? De l’avis général, cette bactérie, très commune, fait à peu près une centaine de cas sévères par an, et grâce à qui vous voudrez, pas tous mortels, fort heureusement. Quant aux intoxications alimentaires, je ne vous en parle même pas, on ne les compte plus.

Une centaine, c’est également le nombre approximatif de suicides réussis dans les prisons, dont on nous a tant parlé l’année dernière. Vous vous souvenez, on nous en parlait tous les jours et chaque nouveau cas occultait à peu près le reste de l’actualité.

Avez-vous remarqué que cette année il convient de parler du bacille et pas du tout des suicides des détenus?

L’administration pénitentiaire aurait-elle réussi à juguler tout à fait ce fléau de nos centres de détention? Non, non.
Serions-nous menacés d’une épidémie exceptionnelle? Pas davantage… enfin j’espère. Je viens encore de me laver les mains et je mange ma viande carbonisée.

Et pourtant, la moindre hospitalisation après ingestion d’un steak haché mal préparé ou mal conservé suffit à mettre sur le pied de guerre toutes les rédactions… qui se mobilisent comme un seul homme pour couvrir l’événement. Les plus drôles, ce sont les télés qui nous montrent le même envoyé spécial, ou peu s’en faut, transi, devant un hôpital sinistre, nous raconter, sinistre également, que d’après les médecins l’état de santé de la dernière victime est stable… et qu’il faudra attendre quelques jours pour juger de son évolution.

J’aimerais vraiment être petite souris pour assister depuis une corbeille à papiers à quelques conférences de rédaction et entendre les arguments pour et contre le choix des sujets à retenir. En parler ou pas? Ah oui, j’aimerais bien…

Nous à la Panse, on n’hésite pas, on en parle.