« Que manque-t-il pour un baiser » au pied du pont des Arts



On se souvient, c’était vers la fin 2002, un gars posait de fausses plaques commémoratives sur les immeubles parisiens, dont l’une restée célèbre, annonçait fièrement que le 17 avril 1967 il ne s’était rien passé tandis qu’une autre indiquait fièrement que dans cette maison Karima Bentiffa fonctionnaire avait habité de 1984 à 1989.

On avait bien rit et admiré la technique de fabrication et de pose des plaques qui ressemblaient à y méprendre aux plaques officielles et dont beaucoup glorifient d’illustres inconnus, retombés dans un anonymat de bon aloi : celui qui nous attend tous.
 

Mais le Pont des Arts me demanderez-vous? Pendant que fleurissent des milliers de cadenas d’amour sur les grilles du parapapet du pont (oui je sais, il y une syllabe de trop, mais cette syllabe me plaît bien…), beaucoup plus vite que ne peuvent en cisailler les gens de la mairie, une nouvelle plaque est apparue ces jours-ci sur le quai du Louvre, soigneusement posée sur la pile du pont des arts, signée par « les amoureux reconnaissants » et célébrant un poème de la poète syrienne Maram Al-Masri sur le baiser dont je ne résiste pas à vous livrer le texte pour une dégustation pleine de saveurs:

J’ai une bouche
deux lèvres des dents
une langue
et de la salive

Tu as une bouche deux lèvres
des dents
une langue
et de la salive

Que manque-t-il pour un baiser

Magnifique, non? Je ne sais pas si la femme est l’avenir de l’homme mais pour l’amour c’est certain. Et si on me le demande, je vote pour les deux.

C’est une bonne occasion de découvrir un autre visage de Maram-Al-Masri et ce qu’elle nous apprend aussi sur les horreurs de l’enfermement domestique où l’amour conjugal a bon dos…

Et qu’on se rassure, cette sinistre constatation n’a rien d’exotique, elle sévit dans nos foyers aussi bien qu’ailleurs.

Lire ici l’article que lui consacre Jean-Luc DESPAX