Et bien mon cher Capitaine, vous me semblez très remonté ce matin dis-je au Cap’tain Cap alors qu’il marchait à grands pas en bougonnant dans son gilet.
— Ah oui , remonté est bien le mot. Je peste contre ce Zuckerberg et son algoryhtme du diable qui nous empêche de partager sur Facebook reproductions et images dévoilant le moindre téton, au prétexte que cela serait une atteinte insupportable à la décence et aux bonnes moeurs. Je voudrais bien voir de quelles bonnes moeurs il peut bien s’agir, alors qu’on peut y publier sans problème des horreurs sanguinaires. A ce propos il me semble utile et nécessaire, mon cher, de vous raconter la très émouvante histoire de Cimon et Péro.
— De qui?
— Cimon et Péro. Une fameuse histoire de l’antiquité romaine que l’historien Valère fur un des premiers à rapporter.
— Valère? Maxime Valère? Ah oui il est dans mes amis et je le like assez souvent… Tout de même, cela ne nous rajeunit pas. Et le rapport avec facebook?
Le cap’tain cap s’emporta.
— Ne m’interrompez pas tout le temps sinon je vous black-liste. Bon, pour je ne sais quelle raison, là n’est pas le sujet, Cimon fut condamné à mourir de faim dans sa prison. Et Péro, sa fille, obtint la permission de le visiter. Mais le vieux Cimon ne mourait pas et semblait même supporter assez bien le jeûne absolu auquel il était soumis.
Les gardiens vérifièrent que Péro ne lui apportait pas de nourriture, mais rien n’y fit. Cimon gardait bon pied bon oeil..
Dépourvus de caméra de sécurité, les gardiens se postèrent secrètement pour percer ce grand mystère et découvrirent que Péro, pendant ses visites, donnait le sein à son père.
— Non?
— Mais si! Et émus par cette histoire, entendez bien mon cher, émus vous dis-je, le préteur et les juges, libérèrent le prisonnier. Beaucoup d’autres l’auraient égorgé sans autre forme de procès, pour que force reste à la justice et à ses décisions. Passons!
–Et cette histoire fit-elle le buzz?
— Le buzz? Mais bien plus que ça. Janssens, Greuze, Zoffany, Mellin, Rubens, van Baburen et beaucoup d’autres illustrèrent l’histoire édifiante sans pudibonderie et personne à l’époque, ni la société ni l’église n’y trouvèrent rien à redire. Cette dernière fut d’ailleurs souvent commanditaire de ces oeuvres. Même le grand Caravage, dans une tableau monumental, les Sept Oeuvres de Miséricorde, inclura cette scène dans son tableau.
Jugez par vous même et remarquez bien, enfin, que l’oeuvre la plus récente, une photographie de Max Sauto, date de 2012.
