Blanche, Blanche, dis-moi vite ce matin dans quel état j’erre?
Bon, les enfants et les plus de 70 ans, nous voilà confinés, mais pas ensemble, évidemment… Ce qui va me manquer dans les semaines à venir, c’est le métro, son odeur, ses promiscuités, et sa capacité à me conduire là où je veux.
Il va falloir retrouver mes ennuis d’enfance, ces longues périodes d’attente le front collé à la fenêtre… Ou peut-être, espoir, espoir, se décider enfin à quadriller le bois de Vincennes pour, cela n’est pas trop tôt, savoir précisément combien d’arbres y sont plantés… et se sauver dans les fourrés au moindre individu entraperçu pour éviter tout contact. Les arbres ne toussent pas et s’ils ont des virus, ce sont les leurs, chacun les siens.
Ursula Schulz-Dornburg : Zone Grise / The Land in Between Maison Européenne de la Photographie Exposition du 4 décembre 2019 au 16 février 2020
Maison Européenne de la Photographie (site) 5/7 rue de Fourcy Paris 4e (carte)
expositions : Ouvert du mercredi au dimanche de 11 à 20h
La Mep présente en cette fin 2019 une exposition importante de la photographe Ursula Schulz-Dornburg: Zone Grise / The Land in Between.
Ce fut une découverte pour moi, en deux temps d’ailleurs : un recul d’abord devant ces photos austères, en noir et blanc sans personnages ou quand il y en a, immobiles, aussi immobiles que le paysage ou le décor qu’ils illustrent.
Je pensais en avoir fini avec ces photos mais j’y suis revenu lors d’une seconde visite, tant elles me revenaient en mémoire, comme insatisfaites de mon impression première. Et là j’ai reparcouru chaque série, avec attention, obstination presque. Photos parfaites, documentaires en ce sens qu’elles sont prises sans effet, à plat dirait-on, mais avec une rigueur et une justesse implacable.
Parmi les quelques photos données ici, remarquez celles de ces zones d’attente des arrêts de car, ces espaces où on attend d’aller ailleurs et où on est déjà un peu plus loin que le départ sans l’avoir vraiment quitté encore.
Toutes les photos de ces séries parlent de ces frontières imprécises, géographiques, mentales, politiques, environnementales parfois, qui marquent un déséquilibre immobile très déroutant. A voir et méditer.
A propos de trains qui roulent, ou pas, une petite curiosité qui montre ce qu’il se passe quand on photographie un village depuis un train roulant à vive allure.
Pour nous rappeler que la verticale dépend avant tout de celui qui l’observe…
Dans sa fameuse photo déformée de la voiture de course, Jacques-Henri Lartigue faisait encore plus fort en photographiant une voiture en mouvement (d’où la déformation de la roue) , tout en suivant la voiture avec son appareil, donnant ainsi aux spectateurs immobiles une vitesse apparente de sens contraire et donc une déformation inverse. Trop fort!
PARIS PHOTO 2019 du 7 au 10 novembre 2019 Grand Palais, Avenue Winston Churchill
75008 Paris (carte) De 12h à 20h du jeudi 7 au samedi 9 novembre
De 12h à 19h le dimanche 10 novembre
Billet plein tarif semaine 30€ – Billet plein tarif week-end 32€
Billet After Work 25€ – Billet tarif réduit 15€
Catalogue 25 €
Mari Katayama (stand Galerie Sage C33)
Lieu prestigieux – le Grand Palais – galeries prestigieuses aussi, venant du monde entier, présence de la presse spécialisée et des éditeurs, prix d’entrée spectaculaire – 30 euros la semaine et 32 euros le week end-, ce grand rendez-vous que constitue Paris Photo reste fidèle à lui-même, indispensable et… comment dire, un peu superficiel.
J’entends déjà les haussements de sourcils (oui, oui on les entend bien) et les murmures (qui c’est celui là, il a une drôle d’allure ce mec là …), mais je m’ennuyais un peu en parcourant les allées sous la verrière du Grand Palais, digne à elle toute seule, heureusement, de justifier le déplacement.
Beaucoup de tentatives que je trouvais un peu désespérées d’être originales, photo de paysage prise à travers une boite de conserve, paysage et boite sans grand intérêt, photos sur pied de croisées à différentes heures de la journée et alignées comme à la parade (et comme la cathédrale de Rouen?), bref rien qui parvenait à m’émouvoir vraiment.
Et je tombai alors sur le stand de la galerie Sage et les photos sortilèges de Mari Katayama, photographe que je ne connaissais pas, alors qu’il semble bien que le monde entier la connaît, comme une recherche sur internet à mon retour dans mes pénates me le fit vertement savoir.
Premier choc : cette photo là .
On the way home #005 – 2016 – @ Mari Katayama Courtesy galerie Sage
Et juste à côté, une table avec une espèce d’amas de tissus et de dentelles, plein de bras et de mains difformes comme autant de tentacules, celui-là même dans lequel s’était glissé la jeune femme au visage grave et juvénile pour la photo.
Et tout de suite derrière une seconde photo prise sur un pont qui donne la clé tout en renforçant l’émotion du spectateur :
On the way home #001 – 1976 – @Mari Katayama Courtesy – Galerie Sage
Quelques photos encore pour vous donner envie, vraiment, d’aller sur le stand de la Galerie Sage admirer les photos de Mari Katayama.
Et enfin un extrait de la plaquette sur le stand de la Galerie Sage :
« Née avec des handicaps physiques, Mari Katayama qui présente son travail à la fois au Pavillon Central et à l’Arsenal de la Biennale de Venise 2019, a choisi à l’âge de neuf ans d’être amputée de ses deux jambes. Depuis elle a transcendé sa condition physique au travers des œuvres qu’elle crée, utilisant son propre corps comme une sculpture vivante.
Dans ses autoportraits photographiques, Mari Katayama explore les nombreux défis auxquels elle doit faire face du fait de sa condition physique et de son identité, essayant de retracer les souvenirs de ses frustrations enfantines. Katayama nous invite à prendre en considération sa propre réalité, essayant de nous amener à reconnaître les forces qui ont modelé son idéal esthétique physique. Les séries de photographies de Mari Katayama offrent une réflexion puissante sur les défis physiques et les peurs psychologiques auxquels elle doit faire face chaque jour. Ses travaux permettent au spectateur de s’associer émotionnellement à son monde dans lequel l’image d’un corps en morceaux et le phénomène des membres fantomatiques sont profondément ressentis.
Remarquablement, Mari Katayama n’a jamais eu l’intention de devenir une artiste. La photographie a été pour elle une façon d’avoir une conversation avec le spectateur et les objets en peluche incrustés de dentelle, de coquillages, de cheveux et de cristaux qui accompagnent souvent son travail n’ont été créés que pour son propre amusement.
Aujourd’hui son travail a été plus que remarqué par des collectionneurs et conservateurs (Simon Baker de la Maison Européenne de la Photographie en particulier) en Europe et en Amérique. »
Un ami m’a demandé pourquoi je n’avais photographié Mari Katayama… En fait je n’ai pas osé. Et à la réflexion, j’ai eu raison: cette jeune femme se photographie elle-même avec tant de choses à dire et de talent que ma pauvre photo n’aurait eu aucun sens, sauf peut-être d’être indécente.
HENRI CARTIER-BRESSON – CHINE, 1948-1949 / 1958 Exposition du 15 octobre 2019 au 2 février 2020 FONDATION HENRI CARTIER-BRESSON
79 RUE DES ARCHIVES 75003 PARIS (carte)
Du mardi au dimanche : 11h – 19h
Plein tarif 9 € / Tarif réduit 5 €
« Le 25 novembre 1948, Henri Cartier-Bresson reçoit une commande du magazine Life pour faire un reportage sur les « derniers jours de Pékin » avant l’arrivée des troupes maoïstes. Venu pour deux semaines, il restera dix mois, principalement autour de Shanghai, assistant à la chute de la ville de Nankin tenue par le Kuomintang, puis contraint de rester à Shanghai sous contrôle communiste pendant 4 mois, et quittant la Chine quelques jours avant la proclamation de la République populaire de Chine du 1er octobre 1949. »
Il y retournera en 1958 au moment du lancement du « grand bond en avant ».
Cette superbe exposition rend compte de ces deux séjours avec 114 tirages
originaux de 1948-1949, 40 tirages de 1958, et de nombreux documents d’archives.
J’ai eu le privilège d’écouter François Hébel, le directeur du Centre, et Michel Frizot et Ying-lung Su, les commissaires de l’exposition, commenter le travail ayant permis de présenter ces photos, les planches contacts et les journaux de l’époque réunis dans une scénographie remarquable.
On a ici la conjonction d’événements exceptionnels dans un pays qui reste pour beaucoup un mystère et un objet de fascination, avec des contraintes (ou des atouts?) techniques que nous avons oublié, le tout photographié par un photographe hors du commun.
En regardant une des plus célèbres photographies « Gold Rush » et sa légende, il faut se souvenir que le photographe prenait ses photos et ne les regardait pas bien entendu : pas d’écran sur son appareil, pas d’ordinateur à l’hôtel et pas de développement sur place. Notes, tapées à la machine le soir sur papier pelure, et pellicules étaient expédiées directement à New York où les photos étaient ensuite choisies et légendées par l’agence et fournies aux journaux et magazines qui en assuraient la mise en page, choisissaient les titres et les commentaires.
A ce propos, une des plus célèbres photographe de cette série est évidemment « Gold Rush » présentée plus haut, très intéressante puisqu’il s’agit de la 37ème photo d’une pellicule de 36, et que Henri Cartier Bresson n’avait pas documentée, incertain sans doute de l’avoir prise. La photo 36, très différente, ne permet pas d’identifier l’endroit ni les acteurs de la photo suivante avec certitude. La légende de la photo a donc été écrite après le développement comme étant la plus probable…
On dit aussi que Henri cartier Bresson ne retouchait pas ses photos et c’est évidemment le cas pour toutes celles présentées ici : il ne les verra qu’à son retour en France et plusieurs mois après leur publication dans la presse.
Ce ne sont que quelques aspects passionnants de cette exposition qu’il faut aller voir dans les locaux magnifiques de la rue des Archives que la fondation occupe maintenant depuis quelques mois .
Cette photo était jusqu’ici présentée comme représentant un eunuque de l’ancienne cour impériale. Le terme anglais utilisé par HCB pouvant prêter à confusion, des recherches sur l’endroit exact de la prise de vue, les vêtements du personnage, ont conduit Michel Frizot et Ying-lung Su à remettre en cause cette légende et à requalifier l’eunuque en simple d’esprit.
Emmaus et Nicolas Henry : Le Goût des Autres Exposition du 5 octobre 2019 au 27 octobre 2019 Place du Palais Royal en plein air (carte)
J’ai découvert Nicolas Henry il y a quelques années à la Little Big Galerie, rue Lepic et ensuite à Arles où Constance Lequesne, la directrice de la galerie prend ses quartiers d’été. Et j’avais adoré ce photographe et ses compositions spectaculaires, colorées et minutieuses qu’il encadre lui même avec des bois récupérés.
Pour ses 70 ans, l’association Emmaus a fait appel à lui pour une exposition hors normes, et en plein air, sur la place du palais Royal mettant en scène la diversité et le parcours des personnes accompagnées par l’association.
On y retrouve des compositions plus anciennes, mais qui s’inscrivent parfaitement dans la même démarche, comme si la rencontre de Nicolas Henry et le mouvement de l’Abbé Pierre était inévitable et programmée.
Raymond DEPARDON – 1962-1963 – Photographe militaire Exposition du 1er octobre 2019 au 30 janvier 2020 Musée du Service de santé des armées – École du Val-de-Grâce – 1 place Alphonse Laveran – 75005 Paris (carte)
Du mardi au jeudi et le week-end de 12h à 18h
Fermé les 10 octobre, 25 décembre et 1er janvier
« Le musée national du Service de santé des armées, l’Etablissement de communication et de production audiovisuelle de la Défense (ECPAD) et la Direction des patrimoines, de la mémoire et des archives (DPMA), présentent, en étroite collaboration avec l’artiste, une sélection de près de 100 photographies prises pendant son service militaire entre juillet 1962 et août 1963.
Raymond Depardon est alors affecté comme photographe à la rédaction du magazine des armées Terre Air Mer (TAM), le « Paris Match militaire ». Il y réalise plus de 2 000 photographies, conservées et intégralement numérisées à l’ECPAD (agence d’images de la Défense).
Ce corpus de jeunesse, jamais présenté, met en lumière une autre facette de la carrière de Raymond Depardon et illustre la genèse d’un regard dont la richesse du parcours est aujourd’hui mondialement saluée. »
Il faut voir cette exposition:
Pour retrouver d’abord les images quotidiennes de ces années si proches et qui parfois nous semblent déjà appartenir à un monde disparu et presque fantasmé;
Pour confirmer ce que Raymond Depardon dit lui-même en regardant ses photos prises alors qu’il avait juste 20 ans : « Tout était déjà là » et, au-delà de la technique et des progrès (vraiment?) du matériel, l’oeil ne change pas réellement;
Pour le plaisir surtout, le plaisir de regarder ces 100 photos qui sont notre passé récent et nous émeuvent comme celles d’un album de famille.
Pour la première fois, l’éditeur de photographie d’art aux 100 galeries dans le monde organise le YellowKorner Photo Award, concours exceptionnel sur les réseaux sociaux pour dénicher de nouveaux talents photographiques !
Le concours est ouvert dès ce mardi 1er octobre et ce jusqu’au 15 octobre 2019. Le gagnant se verra intégré au catalogue YellowKorner et aura le privilège d’être exposé en galerie.
Pour participer, rien de plus simple : il suffit d’envoyer une photographie par mail à YellowKorner ; puis leur sélection s’opère en 3 temps :
– Du 15 au 20 octobre : Les 50 meilleures photographies reçues sont sélectionnées par le jury
– Le 20 octobre : Partage d’un album sur la page Facebook @YellowKornerFrench avec les photos sélectionnées invitant les internautes à liker leur photo favorite
– Début novembre : Les 25 photos les plus likées sont retenues par le comité de sélection
– Mi Novembre : Le jury sélectionne sa photographie favorite et annonce le lauréat du YellowKorner Photo Award.
Envoyez votre photographie par mail avant le 15/10/2019 à l’adresse [email protected]
ATTENTION ! Vous devez être l’auteur de la photo et celle-ci doit répondre aux règles de Facebook (pas de contenu présentant de la violence, nudité, etc.). Votre photographie devra au minimum faire 4 MO.