Assez peu connu du grand public, Eli Lotar est pourtant une figure majeure de la photographie de l’entre-deux guerres. C’est ce que cette exposition permet de découvrir dans une rétrospective magnifique, où tirages d’époque, images inédites, journaux, revues illustrées, films nous permettent d’avoir une vue d’ensemble sur son travail photographique et cinématographique
Né en 1905 à Paris, il passera son enfance et son adolescence à Bucarest avant de revenir en France à 17 ans. Apprenti comédien, sa rencontre avec Germaine Krull l’orientera définitivement vers la photographie, une passion pour l’image qu’il déclinera ensuite vers l’illustration, le reportage, et le cinéma.
L’exposition du Jeu de Paume est divisée en cinq parties thématiques, plus ou moins chronologiques.
Nouvelle Vision montre comment le jeune Eli Lotar au talent précoce va rapidement « se démarquer des pionniers de la photographie moderne qui émerge à paris vers la fin des années 20″.
Il expose en 29 avec André Kertész, Man Ray et Germaine Krull à Stuttgart et ses photos prennent alors pour sujet le paysage urbain et industriel et les objets de la vie moderne : avions, bateaux, trains,rails, signaux de chemin de fer… »
Déambulations urbaines
Cette période sera celle de la découverte de Paris et de ses mutations. Il parcourt la ville avec germaine Krull et s’attarde sur les objets insolites et les points de vue surprenants. Le commentaire ou le titre des photos viennent renforcer le souci qu’il manifeste de témoigner mais aussi de détourner le quotidien.
Engagement documentaire
Il se lance vers 1929 dans le reportage pour le magazine VU,Variétés, Détective, Jazz mais aussi dans des projets de films documentaires comme Zuiderzeewerken. Il se tournera même presque exclusivement vers le cinéma dès le début des années 30 tout en affirmant son esprit militant.
Il sera ainsi l’opérateur du film Terre sans Pain en 1933, de Luis Bunuel dans la région misérable Las Hurdes en Espagne.
Evénement, l’exposition permet de voir en intégralité (une vingtaine de minutes) le seul film pour lequel il a reçu une réelle reconnaissance au titre d’auteur intitulé Aubervilliers, 1945. C’est un document exceptionnel qui montre la misère des quartiers populaires mais aussi la dignité des pauvres gens qui rappelle celle des paysans espagnols de Las Hurdes. Commentaire et chansons sont écrits par Jacques Prévert.
Ne ratez pas cette projection!
Photogénie des Sites. Cette section montre comment « dans les années 1920 et 1930, période la plus intense de sa pratique photographique, Eli Lotar effectue plusieurs voyages à travers la France et la Méditerranée, dont il rapporte de nombreuses vues de sites
portuaires et maritimes – thèmes en vogue à l’époque. »
Pose et Postures
Les portraits des surréalistes (Georges Bataille, André Masson, Roger Vitrac), de figures du cinéma et du music-hall (Sylvia Bataille, Feral Benga, Marcel L’Herbier), ou dans les années 1940 et 1960, du sculpteur Alberto Giacometti sont autant d’exemples de ces rencontres et amitiés diverses qui ont jalonné la carrière de Lotar, en particulier dans le monde du spectacle. Le sculpteur fera un buste du photographe et le photographe fera un reportage de cette création dans un émouvant chassé croisé.
Eli Lotar (1905 – 1969)
du 14 février au 28 mai 2017
Jeu de Paume
1 place de la Concorde Paris 8e
www.jeudepaume.org
Mardi (nocturne) : 11 h-21 h
Mercredi à dimanche : 11 h -19 h. Fermeture le lundi