Il y a comme cela des expositions qui ravissent à la fois les yeux et l’esprit.
Les oeuvres rassemblées ici sont à la fois magnifiques, et pertinentes par leur mise en perspective sur un sujet quotidien et somme toute banal, la toilette, ces quelques instants très intimes où l’on se préoccupe de soi, de son apparence, en se rendant plus beau, plus attirant, plus propre aussi, mais pas toujours, le parfum et la poudre pouvant faire l’affaire.
Quant au témoin de cette affaire, il est omniprésent dans cette exposition, galant, pervers, curieux, indiscret, représenté parfois, présent toujours ne serait-ce qu’à la place du peintre ou du photographe et évidemment la nôtre, l’inévitable spectateur de l’oeuvre.
Le propos débute au quinzième siècle : les femmes de la noblesse se baignent et posent sans manière, habillées, très peu, ou les seins nus, et on ne peut s’empêcher de se demander si la belle Gabrielle d’Estrées, lorsque elle ne se faisait pas pincer les seins, sortait quelquefois de sa baignoire où elle semble éternellement poser pour le peintre et tous les « regardeurs ». « La scène traditionnelle du bain vise ainsi le corps plus que la pratique, la beauté, la pudeur, plus que l’ablution ».
Le dix-septième siècle bannira peu à peu l’usage de l’eau tout autant que la nudité , on ne se lave plus on se frotte et on se parfume. L’eau des villes est alors polluée ou inaccessible et la peste qui parcourt l’Europe en tous sens fait craindre toute intrusion malsaine dans notre intimité, fut-ce celle de l’eau. Quant à la pruderie, elle semble se renforcer à mesure que les moeurs des nantis se délitent.
Au dix-huitième, l’espace se replie sur lui même, le cabinet se referme et devient de toilette et les témoins disparaissent ou alors se cachent derrière la porte, quitte à jeter un oeil dans le trou de la serrure. Les moments consacrés aux soins du corps deviennent de vrais moments d’intimité, l’eau revient, plus disponible, ce que confirmera le dix-neuvième siècle.
Bizarrement, les oeuvres du vingtième siècle nous semblent presque trop récentes et malgré leur quotidienneté, très étranges. Aurions-nous, dans le confort inouï de nos salles de bain, perdu quelque chose de notre intimité…?
Une exposition que vous pouvez admirer jusqu’au 5 juillet 2015
Musée Marmottan
2, rue Louis-Boilly
75016 Paris
Site Internet
www.marmottan.fr
Accès
Métro : La Muette – Ligne 9
RER : Boulainvilliers – Ligne C
Bus : 32, 63, 22, 52, P.C.
Jours et horaires d’ouverture
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h
Nocturne le jeudi jusqu’à 21h
Fermé le lundi, le 25 décembre,
le 1er janvier et le 1er mai
Tarifs
Plein tarif : 11 €
Tarif réduit : 6,50 €
Moins de 7 ans : gratuit