Il y a un problème avec les Roms : faut-il les mettre dans des camps… en attendant?

– J’ai un problème avec la dernière circulaire, Monsieur Lambert,un problème de méthode… Quand on démantèle un camp illégal de Roms, qu’est-ce qu’on fait des Roms?

– Ils sont expulsables?

– Pour la plupart, Monsieur Lambert. Et c’est bien la question. Parce que si on les lâche dans la nature, ils vont se fabriquer des abris pour passer la nuit…

– Ah non Martin. On ne va pas les laisser reconstruire de nouveaux camps illégaux, hein? La solution est toute simple Martin, on les regroupe en attendant de les reconduire à la frontière.

– D’accord monsieur Lambert, mais on les regroupe comment? Où je veux dire? Parce que cela fait du monde.

– Ne soyez pas stupide Martin. Prenez des initiatives. Je ne sais pas moi, il n’y a qu’à construire un camp provisoire…

– Ah oui, un camp provisoire. C’est une bonne idée ça, Monsieur Lambert….

– Qu’est-ce que vous avez Martin? Je sens que quelque chose vous chiffonne… Vous tordez le nez.

– Ben… Vous allez dire que je chipote, mais expulser des gens de camps de fortune pour les parquer dans des camps provisoires, cela me semble un peu… euh, comment dire, un peu bizarre.

-Vous pensez trop Martin, vous pensez trop. L’important avec les Roms, c’est comme avec les papiers qui s’entassent sur le bureau. Ca fait désordre. Alors vous les regroupez et vous en faites des paquets bien rangés sur un coin. Et au bout d’un moment, vous verrez, il n’y aura qu’à jeter le paquet à la corbeille.

-Ah oui, Monsieur Lambert, vous avez raison. Bien rangés en attendant la corbeille…

– C’est une image Martin, une image. En attendant l’expulsion! Corbeille, expulsion.

– Très juste Monsieur Lambert.

– Et n’oubliez pas les listes Martin. Il faut toujours faire des listes. La minutie et l’organisation sont essentielles dans ce genre de mission. La liste vous sauve de tout, Martin. Avec une bonne liste on sait combien, quand, depuis quand, combien de temps, l’âge, le sexe, le poids, la couleur des cheveux, bref on sait où on va Martin. Et on peut répondre sur le champ à la moindre question de la hiérarchie. Et c’est bien là l’essentiel, n’est-ce pas Martin?

– Bien Monsieur Lambert.