J’ai découvert Ousmane Sow en 1999 à l’occasion de son exposition en plein air sur le Pont des Arts. Je ne fus pas le seul, nous fûmes plus de trois millions à parcourir la passerelle de long en large, enchantés, surpris, avec la sensation grisante qu’un artiste de grand talent se révélait à nous et qu’il faudrait dorénavant compter avec ses grands personnages de chair et de terre en charge de nous rappeler notre humanité.
Le mercredi 20 mars 2019, la maire de Paris, Anne Hidalgo, inaugure à Paris son bronze « Un couple de lutteurs ». A cette occasion, j’ai décidé de republier l’article paru dans la Panse de l’Ours en 1999.
« Ousmane Sow naît à Dakar en 1935. Bien que sculptant depuis l’enfance, et tout en exerçant pendant trente ans le métier de kinésithérapeute, c’est seulement à l’âge de cinquante ans qu’il fait de la sculpture son métier à part entière.
S’attachant à représenter l’homme, il travaille par séries et s’intéresse aux ethnies nomades d’Afrique puis d’Amérique. Puisant son inspiration aussi bien dans la photographie que dans le cinéma, l’histoire ou l’ethnologie, son art retrouve un souffle épique que l’on croyait perdu. Fondamentalement figuratives, témoignant d’un souci de vérité éloigné de tout réalisme, ses effigies colorées plus grandes que nature sont sculptées sans modèle. Ces figures ont la force des métissages réussis entre l’art de la grande statuaire occidentale et les pratiques rituelles africaines.
Sculptant la plupart du temps des hommes en action, Ousmane Sow fait de la lutte la métaphore et le lieu même de son travail. « On lutte pour conquérir la femme qu’on aime, on lutte pour conquérir l’espace, la lutte est une façon d’exister et de reconnaître l’autre, explique-t-il. C’est aussi cela l’Afrique, un champ de lutte et de combat. »
Révélé en 1987 au Centre culturel français de Dakar, où il présente sa première série sur les lutteurs Nouba, l’artiste expose six ans plus tard, en 1993, à la Dokumenta de Kassel en Allemagne, puis, en 1985, au Palazzo Grassi, à l’occasion du centenaire de la Biennale de Venise.
L’exposition du Pont des Arts est la première rétrospective qui lui soit consacrée. »
(Extrait du panneau d’accueil de l’exposition à l’entrée du Pont des Arts)