[Home] [Weblog] [Forum] [Pubs] [Photos] [A penser] [Graffitis] [Miss Tic] [Nemo] [Venise] [Notre-Dame] [Sow]

   John Oshon, photographe

N'hésitez pas à remplacer (at) par @

Page précédente   


A l'occasion de son accrochage à paris, en décembre 2006, nous avons pu recueillir quelques confidences du photographe suédois John Oshon qui avait beaucoup fait parler il y a quelques années. (Entretien en anglais, avec la traduction inespérée de Leila Barzuk)

John Oshon,  la Mère Brune
© John Oshon, la Mère Brune

John Oshon, bonjour. On peut voir vos photos jusqu'en février 2007 à la galerie "La panse de l'Ours" et pour ceux qui avaient eu le privilège de découvrir vos oeuvres à Stockholm en 2004, c'est une vraie fête et pour les autres une révélation. Pourquoi avoir accepté d'exposer à Paris dans une si petite galerie alors qu'on murmure que vous avez refusé des salles prestigieuses?

John Oshon
On m'a fait beaucoup de propositions sans intérêt, en particulier depuis août 2005, après une séance fameuse à Drouot consacrée à la photograhie contemporaine. J'ai eu l'impression tout à coup d'être devenu une marchandise. Mais le propriétaire de la galerie dont vous parlez est aussi un photographe et je me suis senti immédiatement à l'aise, un peu comme chez un ami. Le fait que la salle d'exposition soit à taille humaine y contribue aussi certainement. Vous savez, la photo, c'est aussi un média fait pour être feuilleté dans une revue ou un livre, accroché dans son salon ou dans l'entrée à côté du porte-manteau...

Q
Mais vos photos sont souvent tirées en très grand format...

JO
Pas cette fois et puis j'avais envie d'un lieu plus intime où le voyeur aurait l'impression de pouvoir toucher l'oeuvre, au lieu de contempler les reflets des spots de salles deshumanisées.

Q
Vous dites voyeur...

JO
Quoi d'autre? Regardez une expositon de photos ou de tableaux et ces gens qui défilent lentement devant chaque oeuvre, en silence, avec application, comme pour ne rien rater. On dirait que chacun espère découvrir un secret qu'il aurait raté la fois précédente, de très peu peut-être... Cela me fascine. Un jour, je ferai une série de portraits de visiteurs des expos photos...

Q
Cette fois, vous avez choisi de présenter un aspect méconnu de votre travail, ce que vous nommez la fracture liquide.

JO
Pluitôt blessure liquide, évidemment, dans ce qu'ele a de plus intime et féminin.

Q
Comme cette photo là, titrée "la Mère Brune"?

JO
C'est une de mes préférées.

 

Q
Avec quel matériel travaillez-vous?

JO
Uniquement au numérique depuis 10 ans maintenant. je ne comprends d'ailleurs pas tous ces débats en France sur ce sujet. Vos compatriotes qui ont inventé la photographie au dix-neuvième siècle en enfourchant les dernières trouvailles de la science et de la technique, passent maintenant plus de temps à en disserter qu'à en faire. Les optiques ne progressent plus du tout en argentique. La recherche et le développement sont entièrement consacrés aujourd'hui au numérique et nous n'avons encore rien vu. Je lisais quelque part que bentôt n'importe qui pourrait prendre des photos dans le noir, sans bruit parasite, en 50 millions de pixels et avec un appareil acheté au bazar du coin. C'est bientôt. Je crois tout à fait à ça. Cela ne remet rien en cause, c'est comme si on se mettait à vouloir revenir aux diligences et cela n'a rien à voir avec l'amour qu'on peut porter aux chevaux. Il faut que chaque photographe prenne son appareil et se dise : je vais faire des images. Et peu importe la technique. Il faut se libèrer de ces questions là et revenir à la seule qui importe : ai-je envie aujourd'hui de faire une photo?

Q

Vous avez accepté de nous offrir deux tirages, en plus de "la Mère brune" : "Gerçure" et Quelles réflexions vous inspirent-elles?

JO

Aucune réflexion ou plutôt toutes les réflexions... puisque ce ne sont que ça.

Q
John Oshon, merci.

(décembre 2006)

 

John Oshon, la Source du MondeJohn Oshon, L'Or et la Vie

John Oshon : "la Source du Monde" et "L'Or et la Vie"