Les étranges murs peints des rues souterraines de la défense
Depuis 1993, une éternité dans ce monde qui galope, un extraordinaire mur peint vit sa vie sur les parois sinistres d'une voie enterrée sous l'esplanade de la défense.
Cette artère, vitale pour la vie du quartier d'affaires, court parallèlement à l'esplanade et sur deux voies: celle du nord (la voie des bâtisseurs) est à sens unique vers l'ouest, celle du sud (la voie des sculpteurs) est à sens unique vers l'est. Elles servent essentiellement de dessertes pour toutes les livraisons des tours qui bordent ce qu'on nomme communément la dalle. Les grandes tours, apparamment plantées sur une dalle piétonnière, n'ont rien d'écologique. Elles s'enfoncent dans le sol et puisent leur ressource, comme les arbres, dans le sous-sol, sauf qu'ici ce n'est pas la sève qui les nourrit mais le ballet incessant des livraisons par camion qui les ravitaillent.
C'est aussi par là qu'on se fait déposer en taxi ou reprendre tard le soir pour ceux qui ont eu le privilège d'une petite astreinte ou d'un brain storming un peu longuet.
Incidemment, ces tunnels servent aussi aux salariés à se déplacer d'une tour à l'autre par temps de pluie. Pas très gai, mais au mois on y est au sec. (Attention, pour les amateurs, on ne peut passer d'une voie à l'autre qu'au niveau du centre d'affaires au début de l'esplanade, ou au niveau du métro. Vous voilà prévenu)
Vous cherchez l'entrée? Facile. Il suffit de descendre l'esplanade vers paris en gardant le cnit derrière soi. A peu près à hauteur de la tour Ariane, on découvre une charmante allée bordée de très jolis massifs de buis taillés au cordeau. C'est à l'entrée de cette allée que, de chaque côté, sont aménagées deux entrées piétonnes vers les voies souterraines. En les empruntant ou en continuant sur la dalle, on arrive au métro Esplanade de la Défense, puis à un charmant plan d'eau qui clôt le site proprement dit de la défense avec de splendides sculptures éoliennes... mais ceci est une autre histoire. Plus loin, la Seine barre le paysage, enjambée par la ligne 1, et le pont de Neuilly et sa terrifiante circulation automobile.
Vous y êtes? Alors empruntez le tunnel sud, celui qui descend vers l'est, vers paris, et après quelques entrées de tour, vous ne pourrez pas manquer l'extraordinaire mur peint sur les fondations de l'hôtel Sofitel, réalisé en 1993 par "les Bâtisseurs d'éphémère" dont j'avoue à ma grande honte ne pas avoir retrouvé d'autre trace...
Deux remarques qui ne vous auront pas échappées : un nouvel hôtel Sofitel a vu le jour, près de la grande arche, en l'an 2000. Pour peindre sur les fondations de béton qui nous semblent aujourd'hui très anciennes, les artistes ont signé "les bâtisseurs de l'éphémère" et ont peint des toits, des cheminées, du ciel... Même les vitrines des boutiques en trompe l'oeil reflètent des échappées de ciel bleu. Une indicible envie d'air pur, peut-être? Cela m'a rappelé le très étonnant livre du regretté franck Herbert, Dosadi. A découvrir...