Il y a 15 ans
Une exposition de Wong Kan Tai Ken, photographe de Hong Kong.

Il y a 15 ans ont eu lieu les évènements de la place Tiananmen.
Et 15 ans après, pas une seule déclaration du Parti Communiste Chinois admettant ouvertement que la répression de la nuit du 3 juin 1989 était l’une des plus graves erreurs depuis sa prise de pouvoir en 1949. Cette répression est vécue par le peuple comme une blessure profonde qui incarne l’injustice et tant de souffrances pour les familles des victimes. Comment oublier cela ? Et c’est pourtant ce que recherchent les autorités chinoises : minimiser la gravité des faits, masquer la vérité en usant d’euphémismes pour qualifier le mouvement étudiant (« événement », « incident », mais jamais le mot « massacre »).

Il y a deux ans.
Je suis allé à Canton pour l’impression du livre photographique sur le travail de M. Pok Chi Lau, intitulé Rêve de la Montagne d’or. Je me suis rendu compte qu’on était obligé de retirer l’année 1989 de la chronologie figurant à la fin du livre. Ne voulant pas mettre mon ami éditeur dans une situation embarrassante, j’ai cédé à sa requête. C’est toujours un tabou de mentionner cet « incident » de 89, même 13 ans après. Cela a fortement perturbé ma conscience.

Il y 15 ans.
M. Wong Kan Tai Ken, photographe de Hong Kong, est allé à Pékin pour témoigner du vent démocratique qui soufflait sur la place Tiananmen parmi les étudiants rassemblés.
Comme il a écrit dans la préface de son album :

« En tant que photographe, happé dans un événement historique, j’ai instinctivement enregistré, à travers le viseur, et mon point de vue, et mes sentiments vis-à-vis de ce mouvement. »

« Au début des évènements, j’ai, de manière optimiste, pensé que ce qui se déroulait devant mes yeux était l’inévitable processus du développement de la société. C’était avant que la répression par balles ne se produise et que je réalise à quel point le cours de l’Histoire de cet ancien continent est sinueux. »

Ses photographies me touchent autant par l’importance qu’elles représentent dans l’Histoire que par son regard distancé et serein malgré des jours et des nuits mouvementés et pleins d’émotions. En contrepoint à la politique du PCC qui consiste à nier la répression du mouvement pacifique des étudiants de la place Tiananmen, les images de Wong Kan-Tai Ken peuvent être considérées comme des « sédiments de mémoire », pour que ce rêve de démocratie en 1989 ne tombe pas dans un trou de mémoire collectif.

Il y a 15 ans.
Une exposition qui veut rendre hommages aux participants, aux rêveurs de la démocratie à cette époque en Chine, et surtout aux vivants qui ont perdu leurs proches.

Suko Lam
Responsable d’exposition


Exposition du 6 mai au 12 juin 2004
Lundi-vendredi : 14h30-19h ; samedi : 13h-17h
Fermée du 26 au 29 mai 2004

 

Soirée de commémoration le 4 juin 2004 à 19h

(via géhel)


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